Le métro bien tempéré retour

Le métro bien tempéré





Précisons que ce que vous entendez
quand vous cliquez sur les bulles
est le son produit par les VRAIES portes
des VRAIS métros parisiens.





D'ailleurs, si vous n'entendez rien,
ou pire, si vous ne voyez pas les bulles,
abandonnez votre navigateur tout pourri,
et optez pour un navigateur digne de ce nom.
Merci.

Maintenant que tout fonctionne,
je sens bien que je ne vais pas échapper
à la question aussi pénible qu'habituelle :
Mais à quoi ça sert ?!


C'est vrai ça,
à quoi peut bien servir
cette sorte de sous-pianococktail ?

C'est très simple.
Vous avez probablement vécu ça.
Vous êtes dans le métro,
le casque sur les oreilles,
submergé par la divine beauté
du Kirie.

Après la cadence parfaite
appelant irrésistiblement le ut mineur,
explose... un mi bécarre
parfaitement ignoble :
c'est la sonnerie de la porte du métro.


Illustration :





Vous étiez là :






La RATP vous a ramené ici :





É-pou-ven-table.


Que faire ?
Oui, que faire pour qu'un tel assassinat
ne puisse en aucun cas se reproduire ?

Eh bien après mûre réflexion,
il me parait difficile d'empêcher la chose.

Mais si on ne peut se résoudre à renoncer
à la musique dans le métro,
on pourra au moins atténuer
le choc acoustique.

Comment ?
C'est tout simple :
en accordant la musique écoutée
et la ligne parcourue.

Donc soit l'Art éclipse
toute autre considération bassement matérielle :
on se refuse absolument,
en parfait dandy des sousterrains,
à infléchir sa ligne musicale
et on ne parcourt le monde
qu'au gré des tonalités choisies par Mozart.

Ou bien on est soumis à la vulgarité
d'une vie de travail
imposant d'emprunter certaines lignes,
et l'on se résout donc
à accommoder son programme musical.


Dans ces deux cas,
le pianométro a toute son utilité,
puisqu'il établit une correspondance aisément lisible
entre l'espace géographique du métro
et l'espace tonal du clavier.

Dorénavant, avant de sortir,
et d'affronter la menace d'une dissonance inacceptable,
pour planifier votre parcours ou votre playlist,
hop, un p'tit coup de pianométro
vous permettra de cartographier
vos NO-GO zones personnalisées.


Par exemple
comme ceci pour les uns :






Ou comme cela pour les autres :






En tout cas, si vous êtes obligé de parcourir la ligne 2,
évitez absolument la Messe en ut mineur.


Et vice versa.








Sources :
Sons des lignes de métro : 1, 2, 3, 3 bis, 4, 5, 6, 7, 7 bis, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14.
Messe en ut mineur de W. A. Mozart par Leonard Bernstein
Images : Plan du métro parisien, Création de l'Homme par Michel-Ange, Serge le lapin RATP, Clavier, Manuscrit du Prélude en fa mineur du livre I du Clavier bien tempéré de J. S. Bach, NO-GO zones



Nota bene: j'aurais pu corser le truc en soulignant qu'un son de bourdon ("drone" en anglais) s'entend nettement sur la note do pour les lignes 3 bis et 10, probablement dû aux hacheurs. J'ajouterai enfin que je n'ai pas vérifié que toutes les portes des rames d'une même ligne produisent la même note, parce que bon.
retour