Comme un lundi
Le 28 octobre 1990, j'ai eu une idée simple et étrange :
noter mon humeur, chaque soir, sur une échelle de 0 à 10.
J'ai tenu presque deux ans.
Qu'espérais-je ?
Dessiner un beau graphique ?
Découvrir une loi cachée ?
En tout cas, je ne me souviens pas avoir découvert quoi que ce soit.
Mais heureusement, les données ont été conservées.
Et des progrès fulgurants ont été accomplis dans le domaine du traitement des signaux.
Et on peut sans faire ciller son processeur,
calculer la transformée de Fourier de la courbe des humeurs.
Comment ça, c'est débile ?
Pas si vite.
Rappelons tout d'abord brièvement ce qu'est une transformée de Fourier.
C'est un outil mathématique très puissant permettant de détecter les régularités dans un signal.
Par exemple ici :
A priori, rien d'évident concernant une quelconque régularité.
Mais si on calcule la transformée :
on voit deux pics apparaître très nettement.
et on en déduit que deux signaux de période 7 et 12 ont été sommés pour obtenir le signal.
Bon, et maintenant prenons le signal de mon moral sur 560 jours :
Et voyons ce que ça donne si on y met un ptit coup de Fourier :
Je suis d'accord, rien de bien évident ne se dégage,
mais on voit une espèce de pseudo pic qui pointe son nez à 49 jours.
Ainsi donc, je suivrais des cycles de 49 jours...
Mouais... pas convaincu.
Autre chose, si on fait la moyenne pour chaque jour de la semaine, on a ça :
Ce qui n'est guère plus concluant.
Il faut pas mal zoomer pour se rendre compte que
c'est plutôt le vendredi qui a la cote et d'une manière plus surprenante le mardi également,
dimanche étant le pire jour de la semaine.
Mais pas de beaucoup.
En revanche pour la moyenne mensuelle, c'est un peu plus concluant :
on voit se dessiner une tendance plus marquée.
Si on calcule une régression polyonomiale de degré 6, on obtient :
Ce qui laisserait imaginer une sorte d'influence saisonnière.
Mais bof, non, pas plus que ça, la période ne semble pas vraiment annuelle.
Tout ça me fait penser à une conférence
donnée au TED (Technology Entertainment Design)
en 2006 à Monterey en Californie (consultable ici)
où Dan Gilbert soutenait que vous pourriez devenir tétraplégique ou gagner au loto,
au bout d'un certain temps, ça n'aurait qu'un impact limité sur votre moral.
Fermons la perenthèse.
Et donc finalement, qu'est-ce qui dicte sournoisement sa loi ?
Le rythme scolaire ?
Des éléments hermétiquement internes à ma boîboîte crânienne ?
Des trucs qui me sont arrivés à l'époque ?
Les saisons ?
Tout ça m'inspire une idée foudroyante :
pour avancer sur cette question,
il faudrait que je me procure les données de Météo France à partir du 28 octobre 1990,
pour savoir si oui ou non 11°, pluie fine est le temps de la mauvaise humeur.
Nan, j'déconne.
Mmmm...
Vous croyez que je pourrais obtenir ces données ?